Logement

 

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Brazzaville et Pointe-Noire sont des bidonvilles. De part en part, quelques maisons ou villas achevées, entourées de murs plus ou moins hauts parfois garnis de pointes ou de tessons. Sinon, rien que des petites masures en béton ou parpaings de béton, jamais peint ni cimenté, voire seulement en tôle ondulée. Mais je crois que tous les bidonvilles du monde sont l’empire de la tôle ondulée, matériau relativement bon marché et résistant aux ondées tropicales. Tous les toits sont en tôle ondulée. Même l’hôtel de grand confort où nous séjournions un temps à Pointe-Noire, a toute sa toiture en tôle ondulée, avec la particularité remarquable toutefois qu’elle n’est pas rouillée.

 

Vous diriez : avec la tôle ondulée, ils doivent crever de chaleur dans la journée ! Peut-être, mais au moins, avec la soirée, la température y redescend assez vite à un niveau acceptable (ce qui n’est pas le cas de nos appartements parisiens par temps chaud) [1]. En fait, à la campagne, tout village est bien ombragé. Au point que, passant devant des bosquets de palmiers et manguiers déserts, on nous disait : ici il y a eu un village autrefois. En ville, c’est loin d’être toujours le cas. Toutefois, il faut souligner que sauf les très rares maisons, aucun logement n’a d’étage, et tous ont peu ou prou de cour (terre battue bien sûr), que les rues sont souvent assez larges, et que dans les cours poussent souvent des arbres : palmiers, manguiers, papayers, ou arbres à fleurs. Parfois des petits bouts de terrains sont occupés par des cultures. A ce point de vue-là, le bidonville brazzavillois n’est sans doute pas le pire au monde : au moins on n’a pas l’impression de surpeuplement, et la misère y est assez bien aérée – même si la qualité de l’air est douteuse.

 

Autrefois, ils vivaient dans des « cases », de terre ou brique séchée et de chaume. Bien sûr, le parpaing et la tôle ondulée, c’est le progrès ! Comparez à vue d’œil les « cases » d’avant 1960, et les masures moderne. Je ne suis pas sûr qu’ils y aient gagné…

 

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1. Brazzaville: rue Ngoma Louis, une moyenne rue ordinaire; où se trouve notre « auberge » (là où il y a un étage).

2. Ecole jamais terminée, servant d’immeuble de logement….

3. Hameau près de Loanga.

4 & 5. Deux photos de Poto-Poto, prises vers 1950 par le père de ma femme : ces « cases » étaient au moins d’allure plus confortable et plus propre que les bidonvilles actuels.

6. Une habitation de facture à peu près traditionnelle : briques séchées et chaume : un peu mieux et d’allure plus agréable que la tôle ondulée ! Mais très rare, maintenant.

 

 

Coupures

 

La vie quotidienne est rythmée par les coupures d’eau et d’électricité – ou plutôt par leur remise, car il y a beaucoup plus de temps sans qu’avec – et quand je dis rythmée, c’est d’un rythme aléatoire qu’il s’agit, car on ne sait jamais à l’avance à quelle heure ; on peut être trois jours sans eau du tout, puis trois jours avec de l’eau pendant la moitié de la journée ; une fois, il y a eu plusieurs jours de suite, l’eau de 6 h 30 à 7 h – juste le temps pour l’homme de remplir les bidons et les seaux, pendant que la femme prend sa douche.

 

Tous les Brazzavillois que nous avons côtoyé n’ont pas manqué de souligner le paradoxe entre ce manque d’eau et le voisinage d’un fleuve qu’ils savent tous être le deuxième du monde après l’Amazone (en débit).

 

L’électricité est plutôt rare aussi ; ceux qui sont assez riches ont un petit groupe électrogène assez puissant pour permettre l’éclairage et le frigo, mais pas beaucoup plus (ainsi notre auberge – 4 logements - a un groupe de 3 kVA, qui permettait en plus, seulement, de brancher une petite résistance chauffante). La plupart des bistrots ont un groupe. Les autres utilisent les lampes à pétrole, liquide dont le pays ne manque pas (ceci dit, l’essence y est presque aussi chère qu’en France !). Le pressing où nous avions donné des vêtements n’a pu nous les remettre que 8 jours plus tard, car les coupures de courant ne leur permettaient pas de faire le repassage. Imaginez la vie des autochtones, qui ne peuvent pas avoir beaucoup de costumes d’avance à cause du prix, d’autant que ceux qui font un travail de bureau doivent ou tiennent à être tirés à quatre épingles.

 

Pas d’eau chaude, évidemment. Certes, le climat rend les douches froides acceptables, mais lorsque nous avons eu l’eau chaude à l’hôtel à Pointe Noire, nous avons tout de même apprécié. De plus, dans cet hôtel, nous étions, au moins, prévenus des heures de coupure d’eau, avec force excuses.

 

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[1] et les logements un peu « luxueux » sont faits en double-plafond, d’où isolation thermique relative.