Diosso et LoangO

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La plus intéressante de nos sorties, et certainement l'une des plus intéressantes que l'on puisse faire au Congo en une journée. 

Nous avons loué un taxi pour 25 000 Fcfa, emporté sandwiches et eau, et sommes allés depuis Pointe Noire dans la région de Diosso (20 à 30 km, route et pistes).

La campagne après Pointe Noire nous a paru sensiblement mieux mise en valeur, travaillée et entretenue avec plus de soin, qu’au nord de Brazzaville (mais cette région n’a pas connu directement la guerre civile).

Plantations d'eucalyptus: ces arbres poussent vite, donc reboisement rapide. Attention, à terme, au danger d'avoir une seule espèce dominante (mais nous en sommes encore loin!)

 

 

Arrêt à Diosso, où nous avons visité les gorges. Nous y avons marché un peu sur les hauteurs ; l’un des plus beaux paysages que j’aie jamais vu ; car ce site est unique au monde en son genre, par sa vastitude, ses couleurs, et l’originalité des découpes des falaises ; en bas, un bout de forêt (pas trop) vierge, avec des bûcherons, et, nous a-t-on dit, des boas. La mer au loin. Les photos (ci-dessous) parlent mieux que les mots. Ce site mériterait un vrai séjour de randonnées.

 

Une autre curiosité à Diosso : le « palais » du dernier roi Moe Poaty, mort en 1975 ; en fait, une grosse baraque de genre colonial, avec derrière, 4 maisonnettes qui étaient les demeures de ses femmes ; ce palais est au milieu d’une plaine agréable et paisible. 

L’intérêt d’aller voir ce « palais » est de nous faire balader une heure dans la campagne locale, qui est plaisante et assez abondamment cultivée au milieu de nombreux arbres.

J’ai remarqué, entre autres :

- les tombes qui bordent le chemin sur des centaines de mètres ; la plupart anciennes, quelques-unes récentes,

- la culture sur brûlis, pratique ancestrale qui perdure, sans la moindre mécanisation,

- des espèces d’effigies accrochées dans les champs : ce ne sont pas des épouvantails à moineaux, mais plutôt à humains : des fétiches destinés à effrayer le voleur potentiel.

Cette campagne-là est vivante, plus à mon sens qu’au nord de Brazzaville ; elle sent la pauvreté, mais pas la misère ; quoique, des fois, c’est quand même à la limite….

 

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1. Les gorges de Diosso.

2. Les gorges de Diosso. Nota : la villa sue la corniche au centre de l’image risque prochainement d’être emportée par l’un des éboulements qui se produisent de temps en temps….

3. Tombes disséminées dans la campagne.

4. La campagne près de Diosso : champ de manioc avec fétiches (rouges)

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Deuxième étape : Loango. Ce site est un lieu historique important. Première installation religieuse du Congo vers 1880 (église, et institution avec dépendances, dont il ne reste pas grand chose).

 

Et surtout, ancienne « route des esclaves », reliant leur lieu de détention à l’embarcadère. Nous avons supposé qu’un hangar neuf perdu dans la nature était une reconstitution d’un ancien local de parcage d’esclaves, sans que rien ne l’indique. Nous avions en guise de repère 3 km de manguiers réputés plantés par les esclaves eux-mêmes. Mais ceux-ci à un moment se perdent dans les bois, de telle sorte que nous aussi nous sommes … perdus. Nous nous sommes alors engagés dans une longue marche sur la crête, suivie d’une descente hasardeuse vers la côte par une sorte d’escalier parfois vertigineux et glissant, vaguement renforcé de sacs de sable. Là, considérant d’une part : qu’il était 17 h et qu’il restait 1 h de plein jour, que la côte est absolument déserte à perte de vue, et qu’il n’y a qu’une étroite bande de sable entre la forêt ou la falaise, et la mer ; mais d’autre part : qu’il y avait une trace de pas dans la direction de Loanga, et que la mer semblait descendre donc que l’étroite bande de sable ne risquait pas de se rétrécir ; nous avons décidé de revenir par la plage ; et bien nous en a pris car, outre le spectacle de ce bord de mer, nous sommes tombés par hasard sur le fameux embarcadère (où ne subsistent que quelques bouts de bois ; mais c’est ici la trace mentale des mânes des ancêtres qui compte, plus que les vestiges).

Nota, printemps 2008 : aux dernières nouvelles, le fameux embarcadère ne serait pas ici, mais beaucoup plus loin (vers le fond de la photo 1 ci-dessous), sans que cela soit encore sûr…

 

Car il faut préciser que, si l’église primitive de 1880 est signalée, la route des esclaves ne l’est absolument pas. Tant qu’on voit les manguiers, on peut penser être sur la bonne route ; mais ils disparaissent ; seul un vieux monsieur a pu nous renseigner, mais de telle manière que nous avons compris de travers (ici, pas de gamin à l’affût du visiteur, au contraire des gorges de Diosso ; mais pas de visiteur non plus, à part nous). Là où la route passe au sommet d’une colline, le préfet du département s’est fait bâtir un immense et luxueux palais, qui insère cette route dans son enceinte : est-ce une insulte aux mânes de ses ancêtres ?….

 

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1. Paysage près de Loango. (Excusez le raccord un peu voyant au tiers gauche…)

2. Loango. Lieu d’où les esclaves du Congo étaient embarqués. Au loin, un pêcheur, qui nous avait renseignés sur ce lieu; seul être vivant à des kilomètres à la ronde (excepté les crabes).

 

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