Présentation.
Soyons
clairs : touristes, ce pays n’est pas pour vous ! Le Congo n’est pas
fait pour les touristes, ne fait rien pour cela, et n’est pas prêt de le faire.
Les quelques rares excursions mentionnées par quelques très rares agences
sérieuses coûtent les yeux de la tête et sont soumises à beaucoup d’aléas.
Les
Français qui vont au Congo peuvent se classer en deux catégories : soit
des techniciens ou hommes d’affaires, qui vont y travailler, et ne peuvent ni
ne veulent se mêler à la vie locale (le plus souvent, des Blancs) ; soit
des Congolais d’origine, qui vivent en France régulièrement, avec souvent la
nationalité française, et retournent 1 ou 2 mois par an ou tous les 2 ans pour
voir la famille (des Noirs).
Les
premiers sont pris en charge par leur compagnie ou l’Etat ; les seconds de
toute façon connaissent le pays.
Si votre cas n’entre pas dans l’une de ces deux catégories, si vous n’avez pas d’expérience particulière de la vie au Congo, ne cherchez pas à y aller, à moins d’avoir, comme nous, une raison valable[1], et de disposer sur place, dès le premier pas sur le sol congolais et jusqu’au dernier pas, - absolument indispensable - d’un accompagnateur local permanent, très expert, et de toute confiance.
De toute façon, il faut choisir en fin de compte
d’entrer dans l’une ou l’autre de ces catégories. La première n’est pas faite
pour les particuliers, ne serait-ce que par les coûts impliqués ; et comme
nous avons en France des amis congolais, nous nous sommes nécessairement
orientés dans la deuxième catégorie, grâce à leur concours, et ils nous ont
commis un parent qui habite sur place comme accompagnateur. Certains d’entre
eux nous ont d’ailleurs rejoints sur place. De sorte que nous avons vécu
vraiment parmi la population de Brazzaville, dans l’une de ces
« auberges » de quartier où descendent usuellement les Congolais
venant revoir la famille (ainsi notre voisin d’auberge était-il de … Grigny).
Nos vacances se sont révélées assez fatigantes, pas
vraiment conformes à l’idéal des vacances à la mode, mais au moins, vivantes,
changeantes et pleines d’évènements et de rebondissements ; nous savions
grosso-modo à quoi nous devions nous attendre, et l’eussions-nous pu que nous
n’aurions voulu être pour rien au monde dans la première de ces deux
catégories, celle du ghetto des riches.
Et dans ce genre de pays, il faut se dire que si des choses ne nous y plaisent pas, eh bien on n’était pas obligé d’y aller. Si on va quelque part de sa propre volonté ou de son seul désir, c’est la moindre des choses que d’accepter les évènements comme ils s’y présentent.
100 Fcfa = 1 franc français ~= 15 centime d’€.
Evidemment, il faudrait pouvoir comparer les prix en
pouvoir d’achat. A titre indicatif, pour essayer de juger des prix cités dans
le texte, admettons un rapport 10 entre les chiffres du salaire français et du
salaire congolais à hiérarchie égale ; par exemple un ouvrier
français gagne par mois 1000 € soit 600 000 Fcfa, un ouvrier congolais 60 000
Fcfa ; il s’agit ici de l’ordre de grandeur des salaires nets (auxquels il
faudrait rajouter les cotisations sociales, qui sont, en proportion, beaucoup
plus élevées en France – donc il ne peut vraiment s’agir que d’ordre de grandeur).
On ne peut utiliser que du liquide. Carte de paiement
et chèque de voyage sont des outils inconnus ici. Et il y a intérêt à amener ce
liquide en Fcfa directement de France! Car à Brazzaville il n'y a qu'un guichet
de retrait, la limite de retrait est très inférieure à celle fixée en France,
et la "commission" est énorme.
A notre avis, la prise de photos non strictement touristiques reste hasardeuse. Il vaut mieux réfléchir à son sujet, et néanmoins veiller à ce qu’il ne se trouve aucun soldat ou policier dans les parages (cf. exemples dans le chapitre « la position du Blanc »). Par ailleurs on se doit d’observer un minimum de décence autant que de discrétion lorsqu’on photographie impromptu la misère, et il y a des situations telles que nous avons estimé devoir ne pas photographier (par exemple, l’hôpital de Makélékélé – où il aurait fallu un reportage en bonne et due forme avec interviews…). Aussi ne pouvons-nous pas montrer tout ce que nous avons vu, et notamment les situations les plus critiques.
Cliquez
sur les mini-photos des textes de cette rubrique pour obtenir les vues
agrandies.
Dans
quelques photos, les visages trop facilement visibles ont été masqués - sauf
lorsque leur expression fait partie du sujet et qu'elle est à leur avantage.
L’avion
arrive en début de nuit, avec un peu de retard (1/2 heure, ce qui est
acceptable sur 8 h de vol), retard dû à un blocage policier au départ.
A
la descente il a fallu plus de 2 heures pour sortir de l’aéroport :
contrôle des passeports sans problème mais long, par manque de personnel ;
surtout, le retrait des bagages : énorme pagaille autour du tapis, dont la
dimension est ridiculement petite… Pour le retrait des bagages, le mieux est
d’en charger un porteur qui, pour 5 € [2],
se farcit la cohue, retire les bagages et vous les porte vers un taxi.
Beaucoup
de temps perdu et beaucoup de pagaille, alors que cela ne coûterait pas
grand-chose de mettre un tapis plus grand[3] ;
et le personnel libéré pourrait faire des travaux plus utiles…
Pendant
que j’y suis, parlons de l’embarquement retour, ce n’est pas mal non
plus :
Queues
à chacun des nombreux « stands » : contrôle des passeports ;
contrôle des billets ; contrôle des deux à la fois ; examen des
bagages et des passagers aux détecteurs ; fouille des bagages ;
fouille au corps (double-emplois avec les étapes précédentes :
dois-je alors soupçonner que les préposés à la lecture des détecteurs ne savent
pas les lire ?) ; déclaration des devises ; embarquement dans
l’autobus ; embarquement dans l’avion. Au total 2 heures de queue (de
19 h 30 à 21 h 30, heure prévue de décollage).
Puis
encore un retard au décollage, dû, comme à l’aller, à un blocage de
police ; retard ensuite rattrapé : l’avion est même arrivé avec 10
minutes d’avance à Roissy ! Je précise que nous avions fait enregistrer
les bagages de soute au matin, ce qui n’a coûté ni entourloupette ni un temps
démesuré, dès lors que nous étions arrivés en avance (environ 1 heure en
tout) ; procéder à cet enregistrement le soir nous aurait imposé
d’arriver, mettons, avant 17 h 30.
Il
fait nuit, c’est la saison sèche.
Une
odeur âcre, faite d’un mélange de poussière sale, de fumée de combustion
d’ordures, et de fumée de charbon de bois, en proportions variables selon les
heures et les jours. Cette espèce de smog vous prend à la gorge dès la sortie
de l’avion et ne vous quitte plus de tout le temps du séjour. Pour ma part,
pendant tout le séjour je n’ai guère arrêté de tousser ; les jours où nous
quittions la ville, la toux cessait complètement ; puis reprenait ipso
facto au moment où nous rentrions en ville.
L’éclairage surprend ; ou plutôt son absence ; en dehors des très grandes avenues, et d’un lampadaire de temps en temps, pas de lumière électrique dans les rues ; le plus souvent, dans les quartiers, l’électricité est coupée ; alors seuls les phares des voitures éclairent la chaussée ; les rues sont bordées par les lueurs vacillantes de nombreuses lampes à pétrole ou bougies, parfois de faibles ampoules là où il y a les moyens d’avoir un groupe électrogène, et dans cette sombre pénombre l’on devine le grouillement plus ou moins fantomatique d’une foule nombreuse.
[1] La notre était que ma femme avait passé 8 ans de son enfance (de 2 à 10 ans) à Brazzaville, voulait revoir le lieu de son enfance, et avait déjà reçu en cadeau de retraite un peu plus du prix d’un billet d’avion – aller-retour 1500 € assurance comprise ; les Congolais étaient très sensibles à son désir de revoir ce pays 50 ans après l’avoir quitté, et la considéraient sans problème comme Congolaise – sauf pour la mise à prix des statuettes, bien sûr ….
[2] Le porteur accepte les € ; prévoir son billet de 5 € avant le départ… cela fait 3 300 F, ce n’est pas mal pour 1 heure de travail, sachant que la majorité des gens ne gagnent pas cela dans une journée. Mais ont-ils quelque chose à reverser, je l’ignore.
[3] On peut espérer que ce sera le cas pour le nouvel aéroport, dont le président a posé la première pierre pendant notre séjour. Ceci dit, l’aéroport de Pointe-Noire est tout neuf, et il faut autant de temps qu’avant pour y embarquer…