Hygiène et santé

 

 

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Le pire de la vie quotidienne, sans doute, c’est la saleté. Il n’y a pas que dans les marchés ; elle est partout ; les ordures, papiers, sacs plastique et boîtes vides, sont partout. Les caniveaux et les nombreux cours d’eau sont des cloaques pestilentiels ; les gens vivent à côté, étendent leur linge, prennent leur bière vespérale en groupe au bord de ces saloperies – non pas pour être au bord, mais parce qu’on ne peut pas éviter d’être à proximité, il y en a partout. Au milieu de ces saletés, les volailles (poules, coqs, canards) y vagabondent en liberté et y trouvent leur pitance ; on mange leurs œufs, et on consomme ces volailles. Les habitants balaient chez eux et au pas de leur porte, mais pas dehors. Ils prennent soin d’eux-mêmes (il suffit de voir la minutie des coiffures et la beauté de certaines femmes), mais pas de la rue ; comme ils disent, ils n’en sont pas propriétaires… Quelquefois, de ci de là, la voirie fait des tas, et les brûle, de sorte que l’on trouve parfois des rues momentanément propres (à peu près…) mais cela ne dure pas.

Certains quartiers semblent plus souvent « nettoyés » que d’autres, et ont aussi plus souvent de l’eau et de l’électricité : le centre bien sûr, et les quartiers nord notamment Poto-Poto qui jouxte le centre.

 

Grâce à notre accompagnateur qui a ses entrées partout dans la ville, nous avons pu visiter l’hôpital de l’arrondissement de Makélékélé. Les « images d’Epinal » sur les hospices des temps anciens en Europe montrent des paradis en comparaison. Les parents visiteurs campent dehors en attendant de pouvoir voir le malade. Revêtements muraux et sols jamais nettoyés depuis des lustres, plafonds en lambeaux, moustiquaires en peau de chagrin, matelas en mousse devenue grisâtre, draps devenus gris, tables crasseuses, fenêtres et volets en ruine. Chambres à n lits, très sombres alors que c’est plein jour, pas de lumière sauf dans quelques salles de soins. Groupe électrogène insuffisant, parfois en panne. Pas une plainte. Tous répondent à notre bonjour.

 

Toutefois, l’espérance de vie aurait fait un bond de 4 ans entre 2002 et 2004, passant de 48 à 52 ans ; 53 ans en 2005 selon l’UNICEF; mais 49 ans seulement selon http://www.cosmovisions.com/Etats.html .... Il faut dire qu’en 2002, la guerre civile était à peine terminée… De toute façon, même si c'est 52 ans, ce n’est pas encore Mathusalem. Et cette espérance de vie partait de plus haut (du temps du président Ngouabi, source http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/)

Très très peu de gens portent des lunettes. Mais n’allez pas en déduire que c’est parce qu’ils ont tous une excellente vue…

 

Le nombre d’infirmes est important. On en voit beaucoup, en fauteuil roulant. Fauteuil roulant avec « pédalier » actionné à la main, et vu l’état des rues, inutile de dire qu’ils sont devenus costauds des bras, je pense qu’ils pourraient prétendre à la médaille d’or aux jeux olympiques des handicapés[1].

On en voit aussi beaucoup d’autres sortes. Le plus spectaculaire, si je puis dire, en est un qui arrivait à se déplacer à l’aide de sa jambe droite recroquevillée sous lui mais en état de porter, et de son bras gauche en bon état (posant par terre donc); le tronc se tenait en oblique, et ce qui restait des deux autres membres pendait, atrophié ou replié dans le vide – excusez l’imprécision, je ne me suis pas approché exprès pour examiner ; il avançait en se servant de ce bras et cette jambe comme si c’étaient ses deux jambes ; un relativement jeune homme, il avançait vigoureusement, sinon rapidement.

Tout ceci, résultant de la guerre ou des maladies (la polio, notamment).

 

 

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1. Rue Batéké, détail. Nous avons estimé pouvoir prendre quelques photos dans cette rue, car elle est peu fréquentée le dimanche après-midi, donc nous pouvions être discrets.

2. Un caniveau ordinaire. Il fait sec ; imaginez-le en saison des pluies, avec l’eau stagnante…

3. Appétissant…

4. Coq, poule et poussins en liberté dans leur milieu naturel…. Eux semblent en bonne santé, mais pas toujours ceux qui vont les manger après.

5. Les chiens eux-mêmes sont en mauvaise santé. Tous sont plus ou moins avachis comme celui-ci.

6. Joli, le bord du Congo depuis la corniche de Bacongo…..

7. …. sauf quand on regarde un peu en retrait. Plantation de manioc parmi les immondices : après tout, cela fait de l’engrais….

8. La « route » de la corniche de Bacongo ; là aussi nous pouvions prendre des photos discrètement (quoique... quelques instants plus tard, nous croisions 2 soldats).

 

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[1] Je n’ai pas connaissance que des pays dits du tiers-monde participent à ces jeux. Ce serait une idée à creuser.